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« Ah oui, tu vas allaiter, alors ton partenaire ne pourra pas s’impliquer et créer son lien avec le bébé? »

Bon, il faut défaire ce mythe, encore une fois, selon lequel lorsque la mère allaite, le partenaire s’impliquera moins… ou créera moins de lien avec l’enfant. Il est temps de défaire des croyances erronées!

Février 2024 / Par Isabelle Cloutier IBCLC, consultante en lactation diplômée. En action pour les parents, les bébés et l’allaitement depuis 1999.

Dans le grand bêtisier des mythes, il y a cette croyance culturelle et populaire selon laquelle un père ou la personne qui partage votre vie s’impliquerait moins lorsque la mère allaite. Quoi de plus étonnant que cette croyance, réductrice, qui plus est, destinant le papa/partenaire de vie à la seule fonction de nourrissage du bébé… Assez incroyable, et je dirais même que c’est une croyance culturelle digne d’une autre époque…!

Je ne suis pas tendre ici avec ce mythe et j’aime aussi y mettre un peu d’humour, soyez en certains! Par compassion pour les futurs et les nouveaux pères (ou partenaires qui sont le 2ème parent, plutôt des couples de femmes quant à mes accompagnements comme IBCLC) , je me fais un devoir de remettre sur la sellette le rôle ô combien crucial du père/2ème parent! Dans le film « nouveaux parents », il y a une actrice principale, mais aussi un acteur/une actrice de soutien qui a un rôle capital! Comme dans tout bon film, l’acteur/l’actrice de soutien a son importance dans la belle histoire du film, et à la fin, l’acteur/l’actrice de soutien est un rôle aussi important que celui de l’actrice principale! Ceci est également un fait dans le vécu de la parentalité et de l’allaitement.

L’allaitement demande au second parent d’accepter que cette relation naissante de l’allaitement soit privilégiée, certes. Cela demande de la confiance en soi pour le partenaire, de la solidité, et une certaine sagesse: celle de souhaiter le meilleur pour la mère et l’enfant, tout en accueillant les décisions de la femme, qui peuvent aussi être un retour au travail très hâtif ou un congé parental plus prolongé, un sevrage hâtif ou plus naturel, etc. La situation fait grandir tout le monde en fait, à la condition d’échanger et de communiquer ouvertement sur toutes ces questions.

Pour le second parent, le fait d’occuper au départ un rôle de soutien n’enlève rien à la possibilité de créer du lien avec le bébé. Comme je l’explique aux parents que je rencontre, si la personne qui partage votre vie souhaite s’impliquer, il y a beaucoup de choses à faire quand on fonde une famille! Tranche de vie personnelle: le père de mes enfants a tout fait….TOUT, sauf allaiter! Bercer, cajoler, accompagner les bébés dans le sommeil, donner le bain… Cet acteur de soutien dévoué était aussi là pour aider dans le rangement de la maison, préparer des repas, faire la lessive quand c’était nécessaire… et me supporter moralement les jours où c’était plus dur pour moi! La morale de cette histoire est que lorsqu’un partenaire de vie souhaite vraiment prendre sa place… il le fait. Point. Il n’y a pas que le fait de donner un biberon qui permet de créer du lien avec le bébé et prendre sa place de nouveau parent…! Ceci est une perception très réductrice pour la parentalité et la vie de famille.

Mesdames: je vous propose de laisser votre partenaire de vie prendre SA place, et surtout…. d’éviter de le suivre à la trace partout dans la maison lorsqu’il se promène avec le bébé, ou quand il donne le bain.. Vous pouvez être une présence bienveillante, certes, mais à un stade, il s’agit d’être consciente d’éviter les critiques ou de commenter tous ses gestes…! C’est aussi son bébé, et il en prendra soin! Il fera les choses différemment de vous, et c’est parfait ainsi, cela aide aussi au développement de l’enfant! Bien entendu, il n’y a pas que les femmes pour prendre soin correctement des bébés (certaines sont plutôt maladroites et peuvent manquer de confiance en elles), les pères/autres parents apprennent aussi à s’épanouir dans leur rôle parental à leur manière.

À vous, les parents qui ont le rôle de soutien: merci de comprendre que la dyade mère-enfant a besoin de s’établir sous votre tendre regard et vos attentions bienveillantes. Vous êtes en quelque sorte les protecteurs de cette relation magnifique, qui permet à l’enfant d’amorcer un ancrage solide dans la vie. Vous pouvez prendre votre place à travers mille et un gestes aimants, envers votre partenaire, le bébé, votre logis etc. Comme vous avez un regard extérieur, je vous propose de penser à donner des rétroactions de temps à autre à la mère, car elle aura parfois de la difficulté à se voir elle-même ou voir la situation avec plus d’objectivité, à travers le quotidien et tout ce qu’elle fera pour l’enfant… Soyez assurés que préparer les repas, faire quelques tâches dans votre logis, prendre le bébé pour le porter afin de lui laisser le temps d’aller s’occuper d’elle-même seront des gestes appréciés!

Être parent, ça s’apprend un jour à la fois. Avec nos enfants, tous ensemble, nous apprenons chaque jour de notre vie , toujours un peu plus, à devenir de meilleurs êtres humains.

Pour de l’accompagnement et du coaching, tant pour l’allaitement que pour la vie familiale au travers du prisme de l’allaitement ou en général avec les tout-petits, n’hésitez pas à me contacter au 06.42.03.00.62 ou isabelle.cloutier.ibclc@gmail.com (rendez-vous en visio ou à votre domicile, selon les possibilités)

Visitez mon site internet ! https://isabellecloutier.com

Pépites à découvrir:

Tire-lait: l’importance d’avoir la bonne taille d’entonnoirs!

Par Isabelle Cloutier IBCLC / Juillet 2022

Beaucoup de mères ont des résultats peu satisfaisants avec leur tire-lait. Bien entendu, vous aurez de meilleurs résultats avec des tire-lait dits professionnels. Certaines machines sont mises en marché mais n’ont pas à être efficaces pour être vendues..! À vous de faire vos recherches et d’être prudentes lors de votre location ou achat.

Il y a également un apprentissage à les utiliser, des conditions gagnantes, par exemple

  • masser vos seins et stimuler vos mamelons pendant 2 minutes avant de commencer à utiliser le tire-lait
  • avoir une photo de votre bébé si vous n’êtes pas avec lui, avoir un pyjama que bébé a porté. Un enregistrement de ses pleurs peut aussi aider.
  • Exprimer votre lait avec un horaire régulier pendant 20 minutes, etc.

Ce qui est capital, c’est d’avoir la bonne taille d’entonnoirs. La taille d’entonnoirs de base fournis avec les tire-lait est de taille 24mm, bien trop grand pour la plupart des mères. Autrefois, nous pensions que le mamelon ne devait pas toucher l’intérieur du cylindre. Or les expériences cliniques menées par Jeanette Mesite Frem, IBCLC et éducatrice prénatale, démontrent que l’on a de meilleurs résultats lors le mamelon touche l’intérieur du cylindre, créant une stimulation du mamelon, ce qui génère plus d’hormones, dont l’ocytocine qui participe au réflexe d’éjection.

Les entonnoirs et adaptateurs Maymom disponibles sur internet

Il s’agit donc de faire des tests avec des tailles d’entonnoirs ou des adaptateurs plus petits pour tester (la compagnie Maymom fabrique des entonnoirs plus petits de 13mm, 15mm et 17mm pour les tire-lait Spectra et Medela, ils fabriquent aussi des adaptateurs de silicone de 10 et 13mm pour les entonnoirs. Pour augmenter le confort lors de l’utilisation, vous pouvez lubrifier l’aréole et le mamelon avec un peu d’huile d’olive ou de coco biologique.

Le premier mot important est CONFORT. Êtes-vous confortable lors de l’utilisation? Si vous n’êtes pas confortable, cela ne veut pas dire que la taille est trop petite. Donc mesurez bien le diamètre de vos mamelon, prenez la taille exacte qui convient à vos mamelons. Et testez les tailles différents d’adaptateurs pour avoir de meilleurs résultats, de bons jets de lait et plus de confort. Si vous en êtes au début de l’utilisation, soyez patiente, vous aurez de meilleurs résultats au fil de l’utilisation, car cela demeure un apprentissage.

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C’est l’été, dois-je donner de l’eau à mon bébé allaité?

Par Isabelle Cloutier IBCLC

C’est l’été, oui il fait chaud! Et parfois, vous entendrez des personnes vous donner leurs meilleurs conseils, donc celui de vous recommander de donner de l’eau au bébé.

Le lait maternel répond parfaitement à tous les besoins de votre bébé. S’il fait très chaud, inévitablement, il demandera le sein plus souvent pour étancher sa soif, faites-lui confiance. De plus, l’eau ne contient pas les excellents nutriments du lait, il vaut toujours mieux donner du lait maternel au bébé.

Si votre bébé a amorcé sa diversification alimentaire toutefois, vous devriez lui donner un peu d’eau de source au moment de ses repas. Certaines eaux sont meilleures que d’autres, notamment celles qui sont faibles en minéraux sont préférables. Évitez l’eau du robinet si vous habitez en ville, chlorée et fluorée.

S’il fait très chaud ou si vous faites une activité physique, assurez-vous de boire suffisamment tout au long de la journée afin de vous hydrater suffisamment, et vous assurer d’une bonne production de lait.

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Allaitement et travail: du projet à la réalité

Par Isabelle Cloutier IBCLC, consultante en lactation. Pour un rendez-vous ( à domicile ou à distance) isabelle.cloutier.ibclc@gmail.com +33 06.42.03.00.62

Ça y est, vous allaitez et arrive ce moment fatidique du retour au travail ou l’entrée à la garderie de votre bébé. Le projet « enfant » a été bien planifié, mais les deux pieds dedans, cela change la donne… Peut-être que vous vous remettez en question pour ce retour au travail… Prendre un congé prolongé? Pire, vous êtes vraiment déprimée, il faut envisager changer de cap, si c’est possible. (Certaines conventions collectives prévoient des congés d’allaitement, congés parentaux d’éducation, congés sans solde etc. Informez-vous.)

Dans ma pratique en France, comme le congé est d’une durée ridiculement courte (3 mois…), je rencontre beaucoup de mères qui frôlent la dépression postnatale par déracinement et déchirement. Quelle incongruité d’avoir porté un enfant, pour ensuite le donner à des étrangers lorsqu’il a à peine 3 mois… La bonne nouvelle, c’est que la mère qui allaite peut encore offrir avec fierté quelque chose d’unique et de spécial à son enfant: son extraordinaire et irremplaçable lait…!

Un lait unique toujours adapté et qui le protège de nombreuses maladies.

Le lait maternel ne devient de « l’eau blanche » au fur et à mesure que votre bébé grandit. Il restera un aliment unique, vivant et en constante adaptation à l’environnement et aux besoins de votre enfant. Il le protège, lui qui sera en contact avec d’autres bactéries et des virus à la crèche. Il favorise son développement optimal. Les laits commerciaux n’arriveront jamais à la cheville de votre lait!

Bébé moins malade, donc plus heureux.. Et moins d’absentéisme au travail.

Bébé se porte mieux grâce à l’allaitement et cela se répercute aussi sur le nombre de journées d’absence pour cause de maladie de votre enfant. Moins de perte de salaire et d’inconfort pour votre petit chérubin. Ceci est même un facteur à présenter dans les milieux de travail afin qu’ils soutiennent et encouragent l’allaitement auprès de leurs employées.

Des économies pour la famille!

Allaiter permet d’économiser une somme importante, qui autrement serait partie en fumée pour l’industrie du lait infantile, et ceci est un net avantage de l’allaitement, quoiqu’on en dise! Une économie d’environ 80 euros (120$) par mois, 900 euros (1400$) pour une année…!

D’autre part, un bébé en meilleure santé signifie moins de frais de médicaments, moins de consultations chez le médecin, etc. tout cela grâce à l’allaitement. Tirer votre lait au travail prend une toute autre envergure, n’est-ce pas?

Loi sur le travail en France: 2 fois 30 minutes de pause pour l’allaitement

Mesdames, faites bénéficier votre enfant de votre lait et usez de vos droits. La loi est claire en France: l’article L1225-30 du code du travail mentionne « Pendant une année à compter du jour de la naissance, la salariée allaitant son enfant dispose à cet effet d’une heure par jour durant les heures de travail. » Donc 30 minutes le matin et 30 minutes l’après-midi. Ce sont des pauses non rémunéres et déduites du temps de travail normal. Dans une entreprise de plus de 100 employés, l’entreprise peut être mise en demeure pour installer un local d’allaitement (des normes sont à respecter). S’il y a un local dédié à cela sur place, la pause de 30 minutes passe à 20 minutes.

Un bon tire-lait: la clé!

Idéalement, vous allez commencer à vous préparer à votre retour au travail 1 mois avant la date prévue. Le test du biberon peut se faire à partir de 2 mois. Évitez d’en donner régulièrement toutefois avant la reprise du travail. Certaines mères choisissent d’amorcer tout de suite la tasse à bec, et beaucoup de bébés réussissent à bien boire avec dès 3 mois. Certaines femmes auront commencé à tirer leur lait rapidement après la naissance du bébé, d’autres pas. L’exercice demande une certaine pratique, n’attendez tout de même pas la veille… Il est normal de n’avoir que quelques millilitres la première fois. C’est un apprentissage. Donnez vous le temps.

Dirigez vous vers un tire-lait professionnel. Certaines entreprises ont fait leurs preuves et sont spécialisées depuis des décennies dans le domaine, et ont du matériel professionnel et de calibre « hospitalier »; je pense à Spectra, Medela, Ameda. Ne vous contentez pas de ce que la pharmacie vous offre, car parfois ils offrent des tire-lait de mauvaise qualité et vous perdrez rapidement votre production lactée (je l’ai trop souvent vu en France…) Exigez la qualité et des marques de renom. Sinon, changez d’endroit pour louer/acheter votre tire-lait.

Au travail, veillez à tirer votre lait AU MOINS DEUX FOIS. L’illusion de laisser un stock se bâtir dans les seins pour en avoir plus au bout de 7h est une illusion. Tout le lait qui stagne envoie un message au cerveau pour réduire votre production. Évitez de passer plus de 4 heures sans tirer votre lait. Ceci peut vouloir dire de donner le sein juste avant de déposer le bébé à la garderie, de tirer le lait vers 10h et 14h, puis de redonner le sein lorsque vous arrivez à la crèche. Lorsque vous vous apprêtez à tirer votre lait, massez d’abord vos seins pendant 2 minutes, puis utilisez votre tire-lait pendant 15 minutes, la durée recommandée pour une séance. Le fait de toucher vos seins pendant la séance peut vous faire récolter plus de lait. Certaines mères regardent une photo du bébé, écoutent de la musique de relaxation ou un enregistrement des pleurs du bébé… Tout cela stimule le réflexe d’éjection du lait.

Allaitement partiel les jours de travail, allaitement complet lors des congés!

Il est possible que vous allaitiez partiellement la semaine, en tirant votre lait, mais que vous repreniez un allaitement complet lors de vos congés, pourquoi pas? Ceci permet d’augmenter la stimulation directe par le bébé et maintenir une bonne production de lait.

Si vous souhaitez une consultation en vue de votre retour au travail, ou pour relancer votre lactation lors de la reprise, contactez-moi. Cela peut aussi être une consultation à distance grâce à Zoom ou Skype. isabelle.cloutier.ibclc@gmail.com +33 06.42.03.00.62

Références

La Leche League Feuillet AA-72 : Reprise du travail, poursuite de l’allaitement

La Leche League Feuillet AA-53 Tirer son lait

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L’évaluation de l’ankyloglossie (langue attachée, freins buccaux restrictifs)

Par Isabelle Cloutier IBCLC

Photo Isabelle Cloutier IBCLC

Dans cet article, j’ai envie de vous partager des informations en ce qui concerne l’évaluation adéquate pour détecter l’ankyloglossie chez un bébé (phénomène de langue attachée, ou frein de langue restreignant la succion), de même que ce qui ne constitue PAS une évaluation professionnelle et digne de ce nom.

Ne soyez pas étonnés de rencontrer des opinions contraires au sujet de la nécessité ou pas de faire la frénotomie (aussi appelée frénectomie). Certains ne comprennent pas à quel point la mobilité de la langue est cruciale pour une tétée optimale au sein, mais aussi pour mastiquer, manger, déglutir, etc. La transmission des connaissances au sujet de l’ankyloglossie est limitée et variable. Un fait: dans les pays occidentaux, les médecins et sage-femmes voient en général 20 minutes d’informations sur l’allaitement dans leur cursus universitaire, essentiellement la partie pathologique de l’allaitement (mastites, abcès). Quand il est question de dépister des freins restrictifs, un 2e et 3e avis professionnel est parfois nécessaire… et il arrive souvent que l’on doive faire une frénotomie pour une 2e fois, car la première fois, cela a été insuffisant… Quelle galère…!

Trop souvent… bien trop souvent… les parents me disent « Le frein a été vérifié et on nous a dit que tout est beau », alors que franchement, ce n’est pas le cas. C’est quoi au juste, évaluer un frein de langue… et la qualité de succion…?

D’entrée de jeu, si la personne qui « évalue » se contente uniquement de REGARDER, sans tenter d’élever la langue  au palais quand le bébé a la bouche ouverte, juste un simple regard… ça ne sert à RIEN. Au regard, seuls les freins attachés sur le bout de la langue peuvent être vus! Et c’est loin d’être uniquement ce type d’ankyloglossie qui existe chez les bébés. Une évaluation adéquate signifie évaluer la succion, et ceci ne se fait qu’avec un doigt dans la bouche du bébé! L’élévation de la langue vers le palais est un autre élément important, ainsi que d’autres éléments de fonction.

Pour bien évaluer, le professionnel passera aussi par cette étape de mettre son doigt dans la bouche et évaluer correctement ce qui se passe…. Par expérience, il m’est arrivé de soutenir des mères en consultation visio et de leur expliquer comment mettre leurs doigts sous la langue du bébé pour me permettre de voir l’élévation de la langue, avec le bébé qui se retrouve alors la bouche ouverte. Les parents peuvent littéralement me faire tous les gestes de l’examen. Avis aux professionnels de santé: j’indique ici en référence l’outil Hazelbaker qui est un bon point de départ pour évaluer la succion du bébé et dépister les problématiques. Vous trouverez de nombreux liens sur le web pour vous aider à comprendre.

Le professionnel qui fait l’évaluation des freins restrictifs doit aussi observer une tétée, pour évaluer la qualité de celle-ci et voir le comportement du bébé au sein… détecter les bruits de succion, de même que les joues qui peuvent se creuser légèrement quand la succion n’est pas optimale, etc. Cela demande des connaissances pointues et beaucoup d’expérience clinique.

D’autre part, prendre notre que cela est moins connu mais le frein de la lèvre supérieur doit aussi présenter une bonne mobilité sinon la succion au sein est compromise. Il arrive donc fréquemment que l’on procède à une frénotomie pour libérer la lèvre supérieure. Si votre bébé bouge beaucoup la lèvre supérieure pendant la tétée, qu’il a de la difficulté à ressortir sa lèvre vers l’extérieur ou qu’il présente une ampoule/cloque d’abrasion sur la lèvre supérieure… c’est la plupart du temps le signe que le frein de lèvre est aussi trop serré et ne permet pas à la lèvre de sceller l’étanchéité au sein.

J’ai l’habitude de voir des parents en consultation qui se sont faire dire  « le frein est ok »… J’évalue toujours moi-même à nouveau. Il arrive aussi que des parents que j’ai eu en consultation et pour lesquels une frénotomie avait été planifiée car elle est nécessaire, vont ensuite voir un médecin ou autre professionnel qui vient défaire l’évaluation et le diagnostic d’un médecin spécialisé dans les freins, sans avoir beaucoup d’outils et d’informations pour bien l’évaluer… Cela ne m’impressionne guère, toutefois je comprends que les parents deviennent confus et s’en remettent parfois à cet avis. Eh bien, si la mère continue d’expérimenter des problèmes d’allaitement, elle consultera à nouveau pour un 3e avis, c’est tout! N’acceptez pas vos douleurs et problèmes d’allaitement avec fatalité. Consultez à nouveau!

N’acceptez JAMAIS une pseudo évaluation incomplète du frein de langue et de lèvre de votre bébé, que ce soit par une IBCLC ou un médecin…, et n’acceptez JAMAIS que l’on vous dise que « tout est beau » si vous avez mal lors des tétées, si bébé claque ou fait du bruit lors de l’allaitement, s’il a le hoquet plusieurs fois par jour ou si le gain de poids est insuffisant, etc.

Si votre bébé a de la difficulté à ouvrir la bouche, consultez un ostéopathe ou un chiropraticien spécialisé freins restrictifs pour un traitement (beaucoup de nerfs peuvent être coincés et ces thérapies aident beaucoup), et faites évaluer le frein de langue par des personnes compétentes.

Bien souvent c’est la succion du bébé et la mise au sein qui seront en cause dans la plupart des problématiques d’allaitement, pas votre production lactée… Mais il est bien au départ de consulter une personne compétente pour évaluer l’allaitement en général, ainsi que le frein de langue et de lèvre de votre bébé!

Cet article ne remplace pas une consultation médicale.  Si vous avez des doutes au sujet de votre santé ou celle de votre enfant, consultez.

Isabelle Cloutier IBCLC, consultante en lactation diplômée

Courriel: isabelle.cloutier.ibclc@gmail.com   Site internet: https://isabellecloutier.com

Quelques liens informatifs

Frein de lèvre supérieure, frein de langue: parfois un frein à l’allaitement

Impact de l’ankyloglossie sur l’allaitement – Dre Elizabeth Corrylos

Protocole clinique no.11 Évaluation et prise en charge de l’ankyloglossie, de l’Academy of Breastfeeding Medecine

Société Canadienne de Pédiatrie « L’ankyloglossie et l’allaitement »

Ahhh, ce sommeil du bébé…

Par Isabelle Cloutier IBCLC, consultante en lactation diplômée

Isabelle Cloutier, consultante en lactation IBCLC depuis 2007

La question est complexe… et simple à la fois. Tout passe par une réelle compréhension des caractéristiques du sommeil du nourrisson par les adultes que sont ses parents.

Oui, le sommeil des nouveaux parents est souvent entrecoupé… Ainsi va la vie, on peut aménager certaines choses pour favoriser le sommeil, mais les parents n’ont pas vraiment d’autres choix que d’accepter ce que l’on ne peut pas nécessairement changer, surtout dans le cas d’un très jeune bébé. Le nourrisson a besoin de proximité… de se rassurer car il est dans un tout nouvel environnement… il a besoin de téter… Il a beaucoup de sommeil « léger-agité » dans la totalité de son sommeil… Un vêtement porté par la mère va souvent le rassurer, la proximité avec ses parents… le peau à peau. Ce que j’appelle le « comité d’accueil ». Voir les liens à la fin de cet article.


Ancienne photo d'une bouteille de Laudanum, à base... d'opium.

Ça risque de vous choquer de l’apprendre… Mais au début du siècle… ceci était cautionné par la médecine du temps… et était utilisé pour « faire dormir » les bébés et les enfants… Il s’agit d’une bouteille de Laudanum, un sédatif antalgique contenant de l’alcool et de… l’opium (!!!).  Le pavot était utilisé depuis plus de 3000 ans déjà pour calmer les poussées dentaires, la diarrhée, et faire dormir les enfants. Évidemment, il  avait des décès causés par la substance… Aussi, beaucoup de gens ont entendu ces histoires à dormir debout d’une autre époque où des alcools forts étaient donnés aux bébés pour les faire dormir… Le besoin de sommeil semble parfois rendre fou…


Au début du siècle, alors que les médecins commençaient à découvrir et prescrire l’utilisation de certaines drogues telles que l’opium et la cocaïne (oui oui, vous avez bien lu!), l’aberration allait jusqu’à donner des sirops composés d’opium aux bébés pour les faire dormir et soulager les poussées dentaires! Avec les effets mortels qui survenaient aussi. Ceci nous paraît incroyable de nos jours… mais pourtant, cette époque a existé…

Il faut donc se méfier des recettes qui circulent pour « faire dormir bébé » coûte que coûte et des méthodes de « dressage au sommeil » qui traitent parfois l’enfant comme une « bête à dompter » puisqu’il ne fait pas complètement ses nuits ou ses siestes. Amener le bébé « de force » vers le sommeil en laissant pleurer longtemps et ne pas répondre à sa demande peut souvent induire un comportement anxieux et des peurs plus tard chez l’enfant, et la nécessité d’avoir recours à de la médication même, ce qui n’est donc pas une solution… Le bébé finit pas cesser de pleurer car il perd confiance et se sent abandonné, son comportement biologique de mammifère lui dicte de cesser de pleurer pour ne pas attirer de prédateurs vers lui puisqu’il n’est pas dans les bras de ses parents. Ceci dit, on peut favoriser le sommeil de l’enfant par des moyens respectueux de la nature humaine et notre biologie.  Vous verrez dans les liens référencés que tout est une question d’adaptation et de maturation de son système nerveux, notamment. Les rythmes finissent pas s’instaurer avec l’attention des parents, mais bien après les premiers mois de vie en général, et sans laisser le bébé s’époumoner… Le bébé ne se rend compte que vers 6-8 semaines des rythmes jour/nuit.

Sommeil: rythmes spéciaux de sommeil pour la mère qui allaite

D’autres parts, pour la mère, les dernières semaines de grossesse sont une excellente pratique en matière de sommeil entrecoupé, car son sommeil est grandement altéré (position inconfortable si maintenue trop longtemps, vessie pleine, etc.). Ceci prépare à l’arrivée du bébé. Fait intéressant, le sommeil des mères qui allaitent a abondamment été étudié par  le Dr James McKenna, et le cerveau de la mère se synchronise sur celui du bébé grâce aux hormones de l’allaitement, et elle peut replonger dans un sommeil profond quasi instantanément après un réveil! Seule la mère qui allaite peut vivre cette caractéristique du sommeil. Cependant, il faut penser à aménager ce qui peut l’être.

Chers parents…: siestes dans la journée – un incontournable

Normalement, les siestes faites par la femme alors qu’elle est enceinte, devraient se poursuivre après la naissance du bébé. Beaucoup d’écrits ont été rédigés sur les bienfaits des « power naps » (siestes énergisantes), qui se résument à être des siestes de 10-20 minutes environ et qui offrent de grands bienfaits réparateurs lorsque l’on manque de sommeil. (On nous met toutefois en garde de ne PAS dépasser 30 minutes sous peine de se sentir désorientés et plus endormis qu’avant la sieste (ça nous est tous déjà arrivés, oui!), ce qui peut également altérer le sommeil de la nuit. En passant, on peut faire plus qu’une sieste énergisante dans la journée, voire deux ou trois, et il existe même des applications pour ordinateurs et téléphones portables pour vous aider à gérer vos siestes énergisantes! Voir aussi le dossier « sieste » sur le site de Passeport Santé).  Certaines femmes me disent avoir de la difficulté à faire la sieste. Évidemment, cela demande la capacité de s’arrêter, de lâcher prise sur le désir d’avoir la maison impeccable à tout moment…et votre souhait de faire toutes les tâches de la « liste » avant la fin de la journée. C’est à vous de lâcher prise avec sagesse sur ce qui est superficiel dans votre journée de nouvelle mère afin de donner de l’importance à votre santé, à ce qui compte réellement et qui est vraiment plus important que de passer le balai ou plier les vêtements de la dernière lessive. Soyez indulgente et bonne envers vous-même… et pensez à vous accorder ce temps de repos. Certaines femmes qui s’endorment moins facilement vont écouter de la musique de relaxation pour favoriser l’endormissement, ou bien vont prendre des respirations profondes tout en se concentrant sur les battements du cœur, etc.

Déjà, pensez peu à peu à amener le bébé dans sa chambre pour le moment des siestes, il s’habituera graduellement. Le bébé peut aussi commencer sa nujit dans son lit, et finir la nuit dans votre chambre. Les bébés enchaînent souvent leurs premières nuits vers 6 mois (6 heures d’affilée est une nuit de bébé)

À chaque moment de vie, et à chaque être, son sommeil et sa sieste!

J’accompagne les parents dans leur rôle émergent, le décodage du langage bébé, ainsi que dans l’établissement de rituels et de routines liés au sommeil et une compréhension des cycles, Contactez moi si vous cherchez à améliorer cet aspect d’une avec bébé. https://isabellecloutier.com

Cet article ne remplace pas une consultation médicale.  Si vous avez des doutes au sujet de votre santé ou celle de votre enfant, consultez.

Isabelle Cloutier IBCLC, consultante en lactation diplômée

Courriel: isabelle.cloutier.ibclc@gmail.com   Site internet: https://isabellecloutier.com

Sources:
·        Obladen, Michael MD, PhD: Lethal Lullabies: A History of Opium Use in Infants – Journal of Human Lactation  http://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0890334415594615
·        Challamel, Marie Josèphe: Les rythmes veille-sommeil chez le nouveau-né https://sommeil.univ-lyon1.fr/articles/challamel/rythmes/print.php
·        Thirion Marie, Challamel Marie Josèphe: Le sommeil, le rêve et l’enfant/ le sommeil du premier mois de vie https://sommeil.univ-lyon1.fr/articles/challamel/sommenf/premiermois.php
·        La Leche League France: Feuillet AA34: Faut-il apprendre aux bébés à dormir? https://www.lllfrance.org/vous-informer/fonds-documentaire/1180-34-faut-il-apprendre-aux-bebes-a-dormir
·        Co-dodo et études étendues du sommeil des mères allaitantes et de leurs bébés – Laboratoire du Dr James McKenna http://cosleeping.nd.edu/
·        Série de vidéos (en anglais) du Dr James McKenna sur le co-dodo, le sommeil des mères allaitantes et leurs bébés, etc. https://www.kidsinthehouse.com/baby/sleep/getting-your-baby-to-sleep/how-can-i-get-my-baby-to-sleep-through-the-night?qt-more_videos=1#qt-more_videos

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